interview bd


Suite de l'interview...

Il y a dans vos récits une grande part de satire de la société. Dans "Un donjon de trop" par exemple, la scène du marketing au début, puis l'allusion aux stagiaires, par exemple.
J. Sfar : Ah, les pauvres stragiaires ? Oui, on les jette aux oubliettes dans cette entreprise ! Ce que je raconte, j'essaie vraiment que ce soit le reflet de ce que j'entends. Le monde de l'entreprise, moi je n'y connais rien, mais j'ai des copains qui ont fait leurs études avec moi et qui travaillent dans des entreprises. Eux qui sont comme moi de joyeux drilles, ils me racontent comment ça se passe. Je leur dis "Mais attends, il ne se passe quand même pas ça ?" Pour moi, c'est de la science-fiction, ce qu'ils racontent, aussi je peux le mettre dans mes histoires. Effectivement, je raconte l'itinéraire d'un stagiaire qui débarque dans une entreprise : il débarque pour faire de la gestion, et il se retrouve à masser le dos du patron, puis il finit par se faire foutre dehors. C'est aussi Dysneyland qui en prend plein la figure : il y a le vrai château qui est plein de vrai monstres et qui est concurrencé par le faux château plein de faux monstres et le faux château marche beaucoup mieux ! Là, de façon tout de même très humble, j'essaie de faire ressortir la société du spectacle avec cette culture du paraître dans laquelle on nous entretient. Mais je ne suis pas là pour transmettre des messages, je suis vraiment là pour m'amuser. J'aime beaucoup que mes contemporains soient idiots, car plus ils sont idiot, plus je peux les épingler, plus je m'amuse. Je ne suis pas du tout contre la bétise, je suis très content qu'elle perdure. (Rires)

Aucun risque... Une chose m'a frappé dans votre travail : on ne sait jamais qui fait quoi de Joann Sfar et Lewis Trondheim. Les textes, les dessins... Comment vous organisez-vous ?
J. Sfar : Ca c'est le principe : avec tous mes copains, on est tous dessinateurs et scénaristes. Sur "Donjon" tout est écrit uniquement par Lewis et moi, les autres interviennent juste comme dessinateurs, mais il y a d'autres bandes dessinées, par exemple avec Emmanuel Guibert sur "Sardine de l'espace", je fais les dessins et lui fait le texte ; sur "La fille du Professeur" , j'ai fait le texte et lui a fait les dessins. On a eu la chance de travailler ensemble dans un atelier pendant trois ans et on est les meilleurs amis du monde, que ce soit Lewis, Emmanuel Guibert, Christophe Blain, David B. et quand on se voit on fait des histoires ensemble et on aime bien s'échanger les pinceaux. A tel point que comme disait Woody Allen, quand deux personnes s'enferment pour écrire, toutes les deux sont responsables de tout ce qui va s'écrire. Avec Lewis, on assume une responsabilité totale de tout ce qui s'écrit dans "Donjon", que ça vienne de lui ou de moi et au bout d'un moment, on ne sait plus qui a écrit quoi. Maintenant, au niveau du comportement, Lewis et moi, c'est un peu comme Louis de Funès et Bourvil. Lui, il est un peu taciturne et râleur et moi, je suis toujours à agiter les bras et à crier partout. Lui, il a plutôt une image de comique, et moi on m'attend surtout sur les idées tragiques ou graves, alors qu'en fait ce n'est pas ça. Au contraire, dès qu'on se retrouve tous les deux, ça peut être lui qui amène les idées les plus morbides et moi des choses rigolotes. On a une grande habitude de travailler ensemble et on passe trois heures par jour au téléphone tous les deux. Et comme il habite à Montpellier et que je suis frustré de ne plus le voir, on se téléphone tout le temps. On travaille par téléphone ou par fax.
jerusalem
Ring my Bell, professor ?

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