Suite de l'interview...
Vous allez souvent dans le midi ?
J. Sfar : Oh oui, je passe quatre mois par an à Antibes. Je ne pourrais pas rester trop longtemps à Paris.
Vos projets ?
J. Sfar : Il y a beaucoup de choses qui vont sortir. D'abord une nouvelle série aux Editions Dargaud qui s'appelle "Le minuscule Mousquetaire". Ça va être des histoires de mousquetaires un peu dans la veine du Baron de Munchausen, des voyages de Cyrano de Bergerac ou du Capitaine Fracasse, bref le XVIIIème siècle truculent et tout va se passer à la frontière de la Gascogne et des Landes. J'essaie de vraiment trouver l'ambiance, de vraiment trouver le pays au service d'une comédie. Ensuite, avec mon complice Emmanuel Guibert, on lance aux Editions Dupuis, une nouvelle série qui va s'appeller "Les olives noires" et qui raconte l'enfance d'un petit garçon à Jérusalem il y a 2000 ans. Là aussi, c'est une comédie, mais c'est un peu triste par moments. J'essaie de raconter le quotidien des Zélotes, ces résistants qui se battaient contre les Romains, et qui avaient de temps en temps l'air de résistants et de temps en temps l'air de Talibans. Ca me permet d'aborder des thèmes contemporains sous couvert de faire un récit historique. Sinon, on continue toujours "Donjon" à un rythme effrenné. Ca devient assez impressionnant parce qu'il y a des dessinateurs très prestigieux qui ont accepté de travailler avec nous et on est obligés de leur fournir du texte. Il faut assurer, quoi !
Jérusalem est un thème qui semble vous intéresser (ce qui parait logique). Nous parlions tout à l'heure de vos multiples références et justement dans "Les Poupées de Jérusalem", vous abordez un tout autre sujet ...
J. Sfar : Oui, j'ai essayé de parler d'ésotérisme juif et de le faire de manière sérieuse. Certes, il ne faut jamais dire que l'on s'y connaît dans ce genre de domaine, car on en trouve toujours un qui s'y connaît mieux que vous. En tout cas, ce que j'ai écrit, c'est juste. Contrairement à certaines histoires où l'on trouve des références tronquées j'ai tout fait pour bien me documenter. Je suis un grand lecteur de tous ces auteurs qui essaient actuellement de faire connaître la tradition ésotérique juive et de montrer qu'il existe un judaïsme hors du rigorisme talmudiste que l'on connaît. Il a existé un judaïsme provençal et espagnol qui pratiquait l'extase, qui pratiquait la prière comme une griserie. Ca relevait presque du derviche tourneur par moment. Il y a un judaïsme coloré, bigarré, joyeux, même le Rassidisme, c'est un mouvement joyeux et j'essaie de raconter ça aussi dans mes livres.
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