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Suite de l'interview...

L. R. : Vous êtes arrivé en Europe vers l'âge de vingt ans. Nous sommes à la veille d'un référendum en France à propos de l'Europe. Vous habitez la Suisse. Quel regard portez-vous sur l'Europe et ensuite, à votre avis, est-ce que politique et illustration peuvent faire bon ménage ?
John Howe : Je crois que politique et illustration devraient faire bon ménage. C'est toujours un sentiment un peu dur à gérer d'avoir des choses à dire par les mots, alors on peut les dire en image. Quant à l'Europe, oui j'ai des idées assez précises sur ce que devrait être l'Europe. Pour moi c'est une frustration que la Suisse ne participe pas. Les gens aiment ce qu'il connaisse et craignent ce qu'il ne connaisse pas. C'est toujours pareil. Bâtir un projet de société, c'est toujours très difficile pour les gens qui tentent de le faire. Et puis personne ne peut garantir que cela va fonctionner mais je crois que la tentation de reculer est toujours difficile à gérer.

L. R. : Si vous étiez français, quel serait votre choix dimanche dans les urnes ?
John Howe : Moi je dirais oui. Il faut avancer. Pour ce que j'ai entendu des débats, si on demande aux gens dans la rue, ils ne savent pas pourquoi ils votent, ils ne savent ce que c'est que cette constitution et ils ne savent pas ce que cela va leur apporter. Chez les tenants du oui comme chez les tenants du non aucun n'a un discours qui est compréhensible. Là je m'avance mais j'en ai entendu pas mal. Et comme la Suisse n'est pas un pays où il y a beaucoup de dialogue politique, nous écoutons surtout les infos sur la France, moi je crois qu'il faut avancer. Cela ne coûte rien de la faire. C'est clair que tout ne va pas s'écrouler si les français votent non mais il faut beaucoup se méfier des courants qui commencent à tourner. Je crois que ce n'est pas le moment de remettre cela en question.

À ce moment, John Howe me demande ce que je pense de l'Europe. Suivra quelques minutes d'une discussion bien sympathique, en parenthèse de cette interview, parenthèse qui se terminera sur une anecdote douanière rapportée par John Howe : "Rien que pour ramener mes dessins ici à Paris, ce fut compliqué. Les formalités à la frontière, c'était horrible. On est censé faire passer la culture d'un pays à l'autre, des oeuvres, et bien cela était terrifiant".

L. R. : Quels sont vos projets en cours ou vos futurs projets ?
John Howe : J'ai beaucoup de projets dans l'édition pour l'instant. Je travaille sur un jeu de plateau sur le thème de Tolkien, pour changer (rires). Ce jeu sortira chez un éditeur Italien, Nexus. Je ne sais plus qui fera cela en France. C'est un jeu de plateau traditionnel plutôt sympa et non pas un jeu vidéo, pour une fois. Sinon j'ai travaillé récemment sur le thème de Beowulf. Je vais faire des couvertures pour une boîte américaine et un calendrier pour tout bientôt. Après cela, je ne sais plus. On verra bien. Je ne vois pas trop loin en avant.
© John Howe
Une des nombreuses oeuvres de John Howe exposées jusqu'à fin août

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