interview bd


Suite de l'interview...

L. R. : Quel regard portez-vous sur la bande dessinée en général ? Êtes-vous plutôt Manga, Comics ou ce que l'on nomme l'école "franco-belge" ?
John Howe : J'ai été très bande dessinée, mais cela m'est un peu passé ces dernières années. En Nouvelle-Zélande j'ai passé du temps sans en acheter, forcément, et puis du coup il y en avait trop à acheter pour rattraper mon retard. Chez nous la bd est plutôt au grenier sauf pour deux ou trois séries que j'apprécie énormément. J'apprécie un mélange de l'école "franco-belge" et du comics. Moi, j'ai grandi avec les comics et je ne connaissais que cela quand j'étais môme au Canada. Et puis j'ai connu la bd européenne en arrivant ici vers 19 ou 20 ans. Donc j'ai un goût pour les deux. Le manga, très peu : je ne peux pas dire que cela ne me plait pas mais je connais mal. J'ai des goûts assez rétro en bd.

L. R. : Est-ce qu'un jour vous pourriez faire un album de BD, et si oui, sur quel thème ?
J. Howe : J'ai déjà fait de la bd. C'était pour Métal Hurlant. Mais je n'ai pas la flamme sacrée, je crois. Cela m'avait paru intéressant et très tentant. Quand je fréquentais des salons de bandes dessinées, quand j'allais dans des festivals, à chaque fois, je me disais "il faut que je fasse de la bd". Aujourd'hui, cela ne me déplairait pas de la faire mais je n'ai plus vingt ans. Je crois qu'il faut beaucoup vouloir et il faut être jeune pour commencer sérieusement là-dedans. Je préfère encore l'illustration. Je crois que la bd demande une telle continuité dans l'imagerie, dans le récit en image, que cela me convient moins. J'ai plus envie de choisir des moments forts et de laisser les autres à l'imagination du lecteur. J'ai plutôt un tempérament qui s'accommode mieux avec l'illustration qu'avec la bd.

L. R. : Quel conseil donneriez-vous à quelqu'un qui veut se lancer dans ce métier d'illustrateur ?
J. Howe : (Rires) C'est difficile ! C'est une question que l'on me pose très souvent. S'ils ont l'âge, je dirais de faire une école pour commencer, peu importe laquelle mais de préférence à l'étranger si possible. Une école ce n'est jamais qu'une sorte d'assemblage d'autodidactes qui sont dans un même lieu pendant un petit moment. Je crois qu'une école peut permettre d'évoluer très vite ou au contraire se faire très vite une idée que ce c'est pas le métier que l'on veut faire. Le faire à l'étranger cela permet une disponibilité accrue, surtout si l'on est à moitié paumé et qu'on ne parle pas la langue ou avec difficultés. Ainsi, on est à la fois très concentré sur ce que l'on est et ce que l'on fait mais aussi très ouvert et vulnérable puisque l'on apprend une autre culture. Je crois que c'est une bonne façon de provoquer beaucoup de rencontres à la fois. Et la rencontre sérieuse avec ce que l'on veut devenir et la rencontre avec d'autres personnes, une autre culture, et la vie en général surtout si l'on a 18 ou 20 ans. À cet âge-là il est important de provoquer ces rencontres-là. Ensuite, après si possible une école, un dossier sérieux. Et ensuite laisser son travail pour voir si cela peut fonctionner ou pas.

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