Suite de l'interview...
En dehors d'un album de "Bois-Maury", quels sont vos autres projets en cours actuellement ?
Hermann : En cours, je n'ai pas de projet. Le "Bois-Maury", ce n'est pas un projet, c'est un fait, c'est quelque chose que je vais réaliser. Cela me pend au nez. Ça veut dire que dans deux mois, j'aurai achevé "Jérémiah" sur lequel je travaille. Lui, au niveau scénario, à part quelques petits détails, c'est dans la boîte.
Quels conseils pourriez-vous donner à des jeunes qui voudraient se lancer dans la B.D. ?
Hermann : Vous savez, c'est une question qu'on m'a déjà posée. D'abord, il faut qu'ils aiment passionnément ça, qu'ils se fassent bien à l'idée que c'est un boulot qui demande énormément de travail, qu'il ne pensent pas, dès qu'ils ont réalisé quelque chose d'exiger des prix fous dans le but de s'acheter une Ferrarri. Non, ce n'est pas ça ! Il faut essayer avant tout de réaliser quelque chose de bien fichu qui soit le résultat de leur totalité de puissance de travail et d'imagination. Il est certain qu'un jeune, même s'il est totalement sincère aujourd'hui, dans dix ans il sera aussi sincère, mais il aura dix ans de métier et il fera mieux. Ça, c'est un peu logique et c'est valable dans tous les métiers. Evidemment, c'est indéniable, il faut savoir dessiner, mais il n'est pas nécessaire d'être un très grand dessinateur. Plutôt un bon narrateur, savoir créer des ambiances, savoir faire vivre les personnages. Etre scénariste en plus, c'est tant mieux, mais enfin ce n'est pas obligatoire. Et il est préférable de rester assez longtemps chez Papa-Maman avant de se mettre à gagner sa vie. Puis c'est un métier qui est très encombré. Il y a plus de dessinateurs qu'avant, donc il y en a davantage qui "se plantent", qui vont droit dans le mur. Il n'y a pas de place pour tout le monde et il y a un minimum d'exigeances commerciales, car il faut plaire quand même un petit peu au public. Malheureusement, il y a des gens qui ont du talent et qui n'ont pas l'heur de plaire. Et les éditeurs qui ont leur banque derrière eux (je les comprends, on ne peut pas le leur reprocher), ils ne peuvent soutenir un type qui leur fait perdre systématiquement du fric. Pendant un ou deux albums éventuellement, mais si l'un et l'autre ne redressent pas un peu la barre, ça devient très difficile : une fois qu'un a-priori est créé et même si vous faites quelque chose de très bon, les gens ont connaissance de votre échec et ils vont se baser là-dessus et le sens du jugement de la part des éditeurs va se trouver émoussé. Parce que le public est une chose bizarre, il est difficile au niveau du dessinateur de déterminer si un premier album pourra avoir oui ou non du succès, mais au niveau de l'éditeur, c'est encore plus compliqué.
Tout à l'heure vous me disiez que vous n'aimiez pas trop les portables. Internet et la bande dessinée, qu'est-ce que cela évoque pour vous ?
Hermann : Mon fils utilise internet. Personnellement, j'ai 62 printemps et je n'ai plus tellement le temps de m'y intéresser. Il y a assez de documents autour de moi, alors m'user les yeux à aller chercher une image sur internet... Il faudrait que je me familiarise. Le problème avec internet, c'est que ça réclame énormément de connaissance pour trouver le chemin qui vous mêne au bon renseignement.
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