Suite de l'interview...

Est-ce que vous vous considérez comme un bon vivant ?
Hermann : Je ne suis pas quelqu'un de triste. Je trouve qu'il y a contradiction entre mon désarroi et mon pessimisme vis-à-vis du monde. C'est vrai, je suis très pessimiste, mais d'un autre côté, je ne suis pas d'un naturel triste, je n'ai pas les bajoues pendantes, je suis en bonne santé. Je ne suis pas un bon vivant dans la mesure où vous ne me verrez pas me livrer à des libations ou à des bouffes prodigieuses, parce que mon organisme va être malade et je ne serai pas bien du tout. Mais je n'ai pas besoin de boire pour essayer d'être divertissant. L'alcool m'endort. Après trois verres, je roupille dans un fauteuil, je deviens le type le plus chiant du monde et plus rien ne m'amuse, j'ai juste envie de dormir. Donc, je ne suis pas un bon vivant dans ce sens là. Vous ne me trouverez jamais à 4 heures du matin dans un bar avec des copains : à 1 heure et demie, j'en ai marre et je veux rentrer. Je suis quelqu'un de très régulier, je commence toujours mes journées à la même heure et je les finis à la même heure. Je suis très ennnuyeux de ce point de vue. Il ne me viendra pas à l'idée tout à coup de sortir, aller au cinéma, par exemple. Non, c'est assez programmé, mais tout de même, ça peut arriver qu'un soir, je n'ai pas envie de bosser. Alors dans ce cas j'y vais tout seul car j'ai une femme qui est encore pire que moi. Si je le lui propose elle me dit "Pourquoi pas ?". Et au bout du repas, ce sera : "Finalement, j'ai réfléchi, j'ai ça à repasser, j'ai tel papier à vérifier (elle s'occupe de ma société aussi). Allez au cinéma, moi, je vais rester ici ". Il n'y a que ce type de femme pour rester avec moi. En plus j'ai besoin qu'elle soit organisée et surtout pas bordélique. Ah, non, non ! Des vêtements sur les fauteuils, les chaussures qui traînent dans l'appartement... je ne la garderais pas quinze jours avec moi.

Est-ce que vous préférez être scénariste ou dessinateur ? Hermann : Au début, je me considérais surtout comme un dessinateur qui fait des scénarios. Maintenant, je ne peux améliorer mon niveau de dessin que d'une fine couche. Je pourrais dire que je suis arrivé à mon plateau d'incapacité à faire mieux, ou en tout cas que je m'en approche, par contre, au niveau scénario, je pense que je peux faire encore beaucoup. Donc, je suis davantage motivé par le scénario, sans négliger le dessin entendons-nous bien. Y a-t'il une question à laquelle vous n'avez pas répondu parce que je ne vous l'ai pas posée ou parce qu'aucun journaliste ne vous l'a posée ? Hermann : Ecoutez, j'adore qu'on me pose des questions auxquelles je n'ai jamais pensé, et ce ne sont pas des questions que j'ai dans la tête, mais qui doivent venir du journaliste. Dans tous les domaines... Evidemment il y en a pour lesquelles je risque de refuser de répondre. Si vous me demandez si j'ai une maîtresse, étant donné que je suis marié même si c'est vrai, je ne peux pas vous le dire.

Lune de guerre : une collaboration Hermann / Van Hamme.

©1999-2001,

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