Soudain, c'est Mai 68 et quelque chose bascule dans la B.D. qui réalise sa grande mutation. "Il est interdit d'interdire" s'inscrit sur tous les murs. Forts de cela, les parents osent à présent chiper Spirou, Tintin ou Pif Gadget à leur chérubin, pour le lire en dehors du "petit coin" où il était de bon ton jusqu'alors de s'enfermer à double tour afin de dissimuler son forfait. Pilote vient de voir le jour ainsi que Métal Hurlant, l'Echo des Savanes et tous les autres. En devenant adulte, la B.D. s'adresse AUSSI aux adultes et devient peu-à-peu le 9ème art. Les parents osent lire la B.D. au grand jour ? Les enfants vont leur rendre la monnaie de la pièce en subtilisant la B.D. de Papa (si attrayante, il faut bien le dire ) pour la dévorer (plus ou moins) en cachette. Je dis "de Papa" car, étrangement, ces images sont crées et lues dans leur immense majorité par le sexe dit "fort", dans cette génération là tout au moins.
 Cunégonde, |
L'exception viendra d'une femme à la fois dessinateur et scénariste, Claire Bretécher, dont l'exemple ne tardera pas à être suivi. Elle fait naître Cellulite, sa princesse indépendante et libérée, au lendemain de mai 68. Un comble pour une princesse ! Cellulite est libérée, certes, mais las ! d'une beauté si bien cachée que sa quête du prince Charmant s'avère, dans son cas, aussi difficile que la quête du Graal et va lui occasionner les angoisses que l'on sait. Cellulite n'est pas la seule moche à vivre dans un château, il y a aussi Cunégonde qu'on ne présente plus : rouleau à pâtisserie dégainé et mamelles en bataille, son sport préféré consiste à assommer le Sheriff Fritz Alwill son époux, au retour de ses beuveries.
|
 Pour Pinocchia, de Gibrat |