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Suite de l'interview...

Greg disait de vous que vous étiez le chaînon manquant entre le sanglier des Ardennes et l'Homo Sapiens. Est-ce que vous vous considérez plutôt comme sanglier ou comme Homo Sapiens ?
Hermann : Je combine un peu des deux. C'est vrai que je suis un peu rugueux. Je n'arrête pas de le dire : je ne suis pas politiquement correct. Parfois il faut être diplomate mais en règle générale, je ne possède pas ce qui s'appelle la diplomatie. Pour moi, la diplomatie est une manière de tourner le dos à la réalité, de ne pas dire à quelqu'un qu'il a un sale pif tout rouge au milieu de la gueule, simplement parce qu'il faut le ménager. Il y a des moment, il faut le dire, il faut même l'écraser. Hé bien moi je suis comme ça. Evidemment il y une grande majorité de la société qui refuse la chose parce que les gens en général préfèrent s'accommoder de faux-fuyants, d'humiliations, d'univers crépusculaires. Ça me vaut des antipathies, mais ça me vaut aussi quelques sympathies. Beaucoup moins. Mais comme je n'ai pas le temps d'aimer tout le monde parce que c'est impossible et que je n'en ai pas le désir, ça me fait quelques personnes qui m'aiment bien et c'est amplement suffisant pour remplir mon temps. Même ceux-là, je n'ai pas de temps à leur consacrer parce que je travaille constamment.

Jusqu'à maintenant et sauf quelques exceptions, vous avez plutôt tendance à réaliser un travail personnel, avec peu de collaborateurs, contrairement à ce que vous faisiez au début de votre carrière. Dernièrement vous avez créé un album avec Van Hamme et maintenant avec votre fils. Comment ça se passe au niveau des collaborations ?
Hermann : Evidemment, j'ai travaillé de nombreuses années avec Greg. J'ai eu quelques problèmes avec lui, mais ce ne sont pas des problèmes de contenu de scénario encore que, parfois je lui ai signalé quelques petites choses que j'aurais aimé voir respecter dans la tournure des évènements. J'ai suscité parfois des influences qu'il a toujours adoptées. Je dirais qu'il n'a jamais été un tyran... et puis j'ai éprouvé une lassitude parce que je connaissais toutes les ficelles de Greg et chaque fois qu'il me servait un scénario, je savais à peu près vers où on allait. Alors, quand un dessinateur n'a plus de surprises avec lui-même... Puis Jean Van Hamme...
Avec eux deux, j'ai trahi mes propres scénarios. Avec Jean Van Hamme, il y avait des points bien sûr, sur lesquels je n'étais pas complètement d'acord et lui, il y a des choses qui ne lui ont pas complètement plu dans ma manière d'interpréter surtout les physiques des personnages. C'est son droit autant que le mien d'avoir des petites réticences. Mais en gros, j'ai appris des choses avec Jean Van Hamme, et je ne suis pas sorti indemme de mon travail avec lui. Quand je dis indemne, je ne dis pas endommagé, entendons-nous bien. Je suis sorti enrichi de certaines choses. Depuis notre collaboration je n'appréhende pas les scénarios exactement de la même manière. Je crois qu'il m'a appris à être un peu plus serein, un peu plus réfléchi, à casser le rythme par des scènes tout à fait reposées, brutalement amenées. Je ne dis pas qu'il m'a corrigé totalement, mais j'en ai retiré quelque chose, comme j'ai retiré quelques leçons de la collaboration avec mon fils.

Une méthode de travail relativement proche ?
Hermann : Oui, mais sans conflit.

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