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Didier, pourquoi avoir choisi un thème basé sur les Evangiles ?
Didier Convard : Le choix de ce thème provient de mon histoire personnelle. Quand j'avais une quinzaine d'années, j'avais un grand-père adoptif qui était Franc-Maçon et qui un jour me dit : "Tiens, est-ce que tu connais l'histoire du frère jumeau du Christ ?" Et moi j'étais catholique, pratiquant, très "tradition"... Je lui dis: "Non, j'ignorais totalement que le Christ avait eu un jumeau".
-"Oui", me répond mon grand-père, "II a eu un jumeau d'une manière symbolique, et peut être historique". Et puis, c'est tout ce qu'il m'a dit. Ça m'a fait réfléchir. Plus tard je me suis intéressé à ce genre de problème et un très vieil ami, un journaliste m'a posé la même question. "Est-ce que tu connais l'histoire du frère jumeau du Christ ?". Là, je me suis dit : "Bon, il faut vraiment que tu travailles sur cette question !". La genèse de l'histoire, est venue comme ça. Ensuite ? C'est lié pour moi à une tradition philosophique et initiatique : les jumeaux, la fraternité, la fraternité brisée tous ces thèmes qui sont à l'origine de tous les grands mythes fondateurs, que ce soit le mythe d'lrham, le mythe d'Osiris, celui du Christ et que l'on retrouve dans l'histoire avec les sociétés initiatiques ou les sociétés secrètes.

Alors, justement, à travers cette série, tu dis vouloir éclaicir un grand nombre de zones d'ombre qui s'étendent sur 2000 ans d'histoire.
D. C. : J'ai toujours eu un rapport assez particulier avec l'histoire qu'on nous enseignait en me disant que ce n'était pas toujours forcément la véritable histoire. Celle que l'on nous enseigne, c'est l'histoire qui intéresse tout le monde, une histoire pour qu'une société puisse vivre d'une manière cohérente et évidente avec des règles, avec des statuts. Il est de bon ton de lui donner cette histoire, parce que c'est son sang. Mais je suis persuadé qu'il y a une autre histoire, que celle-là est un petit peu plus dérangeante et qu'il faut fouiller dans la "grande histoire" pour trouver cette "petite histoire". L'histoire n'est pas faite de segments, c'est une continuité, c'est un grand fleuve et il suffit d'aller sur le fleuve pour se dire : "Hé bien, oui, il s'est passé autre chose que ce qu'on veut bien nous raconter". Donc, j'ai essayé d'avoir l'esprit critique, celui d'un homme qui aurait une machine à voyager dans le temps et je suis retourné en arrière pour raconter l'histoire qui m'intéressait. Je n'ai pas dit que je racontais la véritable histoire, seulement celle qui m'intéressait. Mais quand on lit l'histoire, quand on lit les évènements, et que l'on fouille dedans, ils ne sont pas tels qu'on nous les a présentés ! Ça j'en suis persuadé. Il suffit de comparer, de faire des analogies, de regarder précisément. C'est ce qui m'a intéressé, c'est cette autre histoire qui bien entendu est colorée par mon imagination, par mon interprétation. Elle peut être criticable, elle peut être critiquée, mais elle amène au moins la réflexion.

convard - © Laurent Ryder
Didier Convard...
Cette série s'annonce en 7 tomes. Est-ce qu'il y a un clin d'oeil avec les 7 jours de la création ?
D. C. : Sept est un chiffre symbolique que l'on retrouve un petit peu partout : dans les sept jours de la création bien sûr, mais il est lié aussi à beaucoup de sociétés initiatiques. En l'occurence dans la Maçonnerie, 7 est le chiffre de la maîtrise. Et donc j'ai choisi ce chiffre parce que la quête et l'enquête de Didier Mosèle (il fait une enquête et une quête !) c'est en même temps le résumé d'une quête maçonnique si l'on va jusqu'à son terme.

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