Suite de l'interview...
Le livre a une sorte de vocation à la perénnité, à l'éternité. Une éternité relative, on le sait bien : le papier est relativement éternel et l'intérêt des lecteurs aussi. Mais enfin, il y a quelque chose dans le livre qui va vers une perennisation, alors que sur la Toile, je pense que ça n'a pas de sens. L'informatique évolue tellement vite que ce qui est novateur aujourd'hui, dans un an paraîtra ringard. Donc, il y a aussi une nécessité d'évoluer en même temps que le média. Comme pour le cinéma qui est devenu un jour parlant, continuer à faire un film muet à partir de ce moment, ne pouvait correspondre qu'à un choix esthétique très particulier. Quand l'image sera très-très animée, peut-être que la bande dessinée se sentira moins à l'aise ou devra en tous cas trouver d'autres façons de fonctionner.
Actuellement, quels sont vos projets en cours, si vous en avez ?
B. P. : François Shuiten travaille dans l'immédiat sur un très grand pavillon de l'exposition universelle de Hanovre, le Pavillon des Utopies. C'est une exposition très importante qui va ouvrir dans quelques jours et qui l'a pas mal mobilisé. Autour de tout ce travail scénographique pour Hanovre et d'autres travaux scénographiques que nous avons réalisés ensemble, va sortir un livre à l'automne prochain qui s'appellera "Voyages en Utopie" et qui sera une sorte de traversée de mondes tri-dimentionnels. Nous avons une autre bande dessinée en chantier qui s'appelle "Le Cartographe" et qui mettra encore une bonne année à se faire. J'ai moi-même réalisé récemment un premier long métrage, un premier film que j'ai fait entièrement. Un film, on sait bien que c'est toujours l'oeuvre d'une équipe, mais j'en ai porté totalement la réalisation, et j'espère bien que ce ne sera pas mon dernier film bien qu'il s'appelle "Le Dernier Plan" !
Vous êtes donc un homme multimédia , maintenant ?
B. P. : Oui, pas seulement maintenant. Cela a été un peu une vocation dès l'origine, mais je crois que ça s'affirme un peu plus clairement aujourd'hui. C'est peut-être aussi l'envie d'aller parfois au-dela de certaines des limites un peu étroites de la bande dessinée, d'aller vers d'autres territoires, tout en gardant un axe fort autour de la B.D. avec François Schuiten.
propos recueillis par Laurent Ryder.
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