interview bd


Suite de l'interview...

Question au vol, alors : Qu'est-ce qu'un bon festival aujourd'hui ?
F. D. : Alors, éécoute, j'ai la réponse toute faite : je l'ai trouvée il y a trois jours. Un bon festival, c'est celui ou l'organisateur ne cherche pas le dessinateur, c'est celui où le dessinateur dit : "Est-ce que je peux venir chez toi ?"

Cette alchimie, elle s'opère comment ?
F. D. : Bien souvent c'est deux ou trois passionnés qui s'investissent totalement là-dedans, ils n'ont pas beaucoup d'argent, en général ils ne sont pas encore suivis par la municipalité qui les laisse se démerder pendant deux ou trois ans, ils font avec ce qu'ils ont et cet espèce d'acharnement à réussir et à faire bien, ça passe, quoi ! Il n'y a rien d'établi mais on essaie de faire bien avec ce qu'on a comme moyens. Et tous les festivals où il y a des permanents de l'association qui sont salariés, façon St Malo, Chambéry, ce sont des usines. Laval aussi va bientôt tomber dans ce fonctionnement.
D. B. : Le public commence à comprendre aussi, ça ne l'intéresse plus.
F. D. : Ce qui est malheureux, je vais te le dire : j'ai vu un festival, c'était le premier et il avait ce côté, j'allais dire "convivial" (mais il faut absolument rayer ce mot "convivial", c'est toujours le mot que l'on met en avant et on ne sait pas ce que ça veut dire. Moi quand j'ai des convives à la maison, je ne les fais pas travailler !). Pourtant, comme c'est souvent le cas les organisateurs me disent :" Ah, ça a bien marché, on est étonnés, l'année prochaine on va essayer de faire mieux." Et voila !
A un moment, la folie, c'était : baiser Angoulême. On y va la journée de pros pour discuter avec les éditeurs, puis on va trainer dans les rues d'Angoulême pour boire des pots avec nos potes. Faire Angoulême comme ça, c'est con, quoi !

Est-ce que vous êtes content de votre choix de vie ?
D. B. : Oui.
F. D. : Tu sais la première fois que j'ai voulu faire de la B.D. j'avais 7 ans et je n'ai jamais changé d'avis.

Vous avez prévu d'aller jusqu'à 77 ans ?
D. B. : (rires)
F. D. : (rires) Oh là, attends, il n'y a rien de sûr, j'ai failli mourir il n'y a pas longtemps... C'est un métier magnifique.

boche

Le Boche, avec un
nouveau dessinateur :
Boutel.

Quels seraient vos conseils de pros pour les jeunes qui veulent démarrer dans la bande dessinée, avec forcément pas mal de handicaps et de difficultés ?
D. B. : Travaillez dans la liberté. Mais c'est avant tout du travail.
F. D. : Dans ce travail, on gère ce que l'on fait et ça c'est très difficile. J'ai déjà vu dans un festival une maman et son fils. La dame m'a dit: "Monsieur, mon fils est nul en maths, nul en français, nul en géographie, je ne sais plus quoi faire avec lui, si ça continue, il va tripler sa quatrième. J'avais pensé qu'il pouvait être dessinateur de B.D." Tu vois le truc ? (rires). L'insulte suprême. Faire du dessin, c'est s'intéresser à beaucoup de choses, aux costumes, à l'architecture, c'est raconter des histoires avec des images, ce n'est pas évident. La B.D. n'est pas une voie de garage pour les nuls. Ce qu'il faut leur dire c'est qu'on doit être hyper passionnés. On ne peut s'en sortir dans les métiers artistiques si l'on n'est pas vraiment hyper passionnés. Mais celui qui est vraiment passionné, il va casser la baraque.

propos recueillis par Laurent Ryder.

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