Suite de l'interview...

Tu as plus de vingt ans de carrière. Quel regard portes-tu sur le neuvième art ?
Je fais toujours mon métier avec grand plaisir. La chose étant, il faut savoir se renouveller, affronter de nouveaux challenges. J'ai un défaut : une fois qu'une situation est acquise et qu'elle commence à ronronner, j'ai tendance à me fatiguer très vite. C'est pour cela que je travaille sur plusieurs séries et que je pense à d'autres projets pour plus tard. Je crois qu'il ne faut pas s'ennuyer, sinon on regresse dans son métier.
Dans la bande dessinée, il y a vraiment une flopée de gens nouveaux qui arrivent et beaucoup ont bousculé la BD ces dernières années. C'est un challenge que de rester sur la brèche quand on voit l'évolution du neuvième art. Cela oblige d'être toujours très éveillé. Une autre chose positive, c'est qu'avec l'arrivée de nouveaux talents comme Marini ou d'autres, il faut s'accrocher, se renouveller, car sinon dans cinq ans ou dix ans on sea complètement dépassé. La BD n'a jamais été aussi vivante qu'aujourd'hui.

Internet et bande dessinée, pour toi, qu'est-ce que cela évoque ?
C'est très large comme sujet et je ne sais pas par quel bout le prendre (rires). Je pense que ce sera lié. Je vais déjà commencer par m'équiper d'un ordinateur : c'est prévu pour le mois de novembre... Je crois qu'Internet, on n'y coupera pas.
Pour la documentation, le travail de préparation, cela peut-être un excellent outil. Par contre pour la couleur et le dessin proprement dit, je pense que je vais continuer à travailler sur des feuilles. Internet devrait devenir incontournable, de toute façon.

Le net amène un peu de "science fiction" dans notre vie quotidienne. Dans Vlad, l'histoire se déroule vers 2050 et il est un peu question de technologies. Pourquoi avoir choisi la Russie comme cadre ?
2050, c'est quelqu'un qui a écrit cela comme ça. Dans mon esprit, c'est plus proche de 2025, 2030. C'est pour moi une sorte de prolongement de l'actualité. La Russie parce que c'est un espace où règne actuellement une forme d'anarchie, de sauvagerie latente. De plus, un pays aussi vaste est un espace de liberté où tout peut être permis. C'est presque le Far-Est d'aujourd'hui. En même temps, ce qui se passe en Russie et dans les pays de l'Est va influencer notre vie et la géopolitique européenne dans les dix à quinze années qui viennent. C'est évident. C'est de là que pourront venir les bouleversements. Les pays de l'Est sont très important pour notre propre culture.
J'ai préféré une projection de ce qui nous attend dans vingt ans plutôt que de faire une série qui se passerait aux Etats-Unis ou en Australie qui nous a déjà donné Mad Max.

Avec tous ces éléments, Vlad va donc pouvoir rebondir facilement dans les prochains albums ?
Oui. Nous sommes partis sur une série. J'ai déjà une première tranche dont je connais les grandes lignes. Mais cela reste une structure ouverte dans la mesure où dans cinq ans, quand on sera au cinquième, sixième ou septième album, quels seront alors les évènements ? Comment sera la Russie ? Cela pourrait influencer la suite du scénario. Et moi, comment serai-je dans cinq ans ? Cela pourrait aussi influencer la vie et l'évolution des personnages. Tout ceci reste une structure ouverte. Comme le Prince de la Nuit, d'ailleurs.

Des révélations sur tes prochaines parutions, en dehors de Vlad ?
Pour le Prince de la Nuit, il y aura encore au moins deux cycles. C'est à dire un cycle des mémoires de Kergan où on retrouvera son origine et puis probablement un rebondissement futuriste qui démarrera sur la fin du sixième album (NDLR : seuls cinq sont parus à ce jour), album dont la fin permettra de faire un saut dans le futur mais d'une façon assez particulière.
Pour le reste, Black Hills va continuer jusqu'au troisième album. Ce sera le premier cycle. On verra après.
Sinon, ma prochaine série, "James Healer", sera un polar qui se déroulera aux Etats-Unis de nos jours agrémenté d'une pincée d'indianisme et de parapsychologie. Le dessinateur sera un jeune Italien extrêment doué, que je considère comme un second Marini.

propos recueillis par Laurent Ryder.

< Page précédente - Page suivante >


©1999-2000,
Logo Penndragon et Logo Alkemya